La population face à l’Occupation

Queue devant un marchand de volailles à Lille. © La Coupole

L’Occupation allemande qui durcit les conditions de vie des habitants, contribue à ce que la plupart d’entre eux refuse la collaboration. Elle se révèle aussi dramatique pour les communautés juives.

Carte individuelle d’alimentation. © La Coupole

Les difficultés de la vie quotidienne

La population subit les contraintes d’une économie de pénurie : se nourrir et se chauffer deviennent des obsessions.

Les prélèvements allemands, la contrebande vers la Belgique, et le marché noir – ses prix sont plus élevés dans le Nord–Pas-de-Calais en raison de la présence de troupes d’occupation très nombreuses – rendent inefficace le système de rationnement. La situation est particulièrement difficile pour les familles ouvrières urbaines qui ne peuvent bénéficier des produits d’un jardin.

Les femmes jouent un rôle essentiel pour la survie collective ; l’absence d’un grand nombre d’hommes, prisonniers en Allemagne, les oblige à assurer des responsabilités de plus en plus importantes dans la vie économique et sociale.

Le rejet de la collaboration

La crainte de l’annexion au Reich, la dureté particulière des conditions d’occupation et la mémoire de l’occupation de 1914-1918, entraînent un rejet massif et immédiat de la collaboration avec l’occupant. Le rejet de Vichy est tout aussi général : la population du Nord–Pas-de-Calais éprouve un sentiment d’abandon.

Le rejet de la collaboration est immédiat et la poignée de main entre Hitler et le maréchal Pétain à Montoire en octobre 1940 est perçue comme un symbole d’infamie pour la majorité de la population. Celle-ci reste très majoritairement anglophile et, ni l’Armistice, ni Mers-el-Kébir ou les bombardements par les escadrilles de la RAF ne viennent entraver ce sentiment jusqu’à la Libération du territoire. La campagne des V, abondamment suivie dans le Nord de la France et le fleurissement des tombes des aviateurs britanniques abattus en sont les manifestations les plus tangibles.

Seule une infime frange de la population se retrouve dans une politique favorable aux nazis (notamment au sein des mouvements séparatistes flamands comme le Vlaamsch Verbond de l’abbé Gantois) mais évolue dans un milieu particulièrement hostile. À partir de 1943, militarisation et basculement dans la criminalité des principaux mouvements collaborateurs (RNP, PPF, etc.) accentuent leur décrédibilisation et leur faible représentativité dans le paysage politique régional. La Milice, autorisée à s’implanter dans le Nord uniquement à partir de mars 1944, ne regroupe qu’une trentaine de membres avant le départ des derniers « collabos » avec les Allemands fin août 1944.

Tombe de soldat anglais devant la gare de Saint-Omer © La Coupole
Interdiction aux Juifs de pénétrer dans les salles de l’hôtel des ventes de Paris © La Coupole

La persécution antisémite

Deux types de communautés juives étaient établies dans le Nord–Pas-de-Calais à la veille de la guerre : les familles des grandes villes (Lille, Valenciennes, Dunkerque) intégrées depuis des générations à la France et à la République ; la communauté juive polonaise, installée dans le bassin minier pendant l’entre-deux-guerres, qui avait conservé de forts particularismes.

Toutes deux sont victimes d’une double persécution : celle des Allemands et celle mise en œuvre en application du « statut des Juifs de Vichy ». Discrète et méthodique depuis la fin 1940, la persécution se durcit brutalement en 1942 : des camps de travail sont établis sur le littoral, le port de l’étoile jaune est imposé en juin. Une grande rafle, organisée le 11 septembre 1942, menée par les polices allemandes avec l’assistance de la police française, aboutit à la déportation et à la mise à mort, à Auschwitz, de plus de 500 personnes.

 

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