Mittelbau-Dora :
le camp de concentration

Vue générale du camp de Dora peu après son évacuation. Le « Revier » est visible dans le bois (Avril 1945) © La Coupole

Les fusées V2 qui devaient être tirées depuis La Coupole ont été produites par des détenus du camp de concentration nazi de Mittelbau-Dora, en Allemagne. Environ 60 000 personnes, dont 9 000 déportés de France y ont été enregistrées entre 1943 et 1945. Les 20 000 morts de Dora incarnent aujourd’hui une page peu connue et parmi les plus sombres de l’histoire de la conquête spatiale.

 

L’enfer de Dora

Le bombardement du centre de recherche sur les fusées de Peenemünde (17-18 août 1943) par la RAF bouleverse les plans nazis pour la production en série des V2. L’usine doit, dès lors, être transférée dans un site souterrain secret et dans un rayon proche d’un grand camp de concentration. Le 28 août, un premier contingent de 100 internés du camp de Buchenwald est envoyé près de Nordhausen, au centre de l’Allemagne, pour préparer l’aménagement de deux tunnels désaffectés. Nommé « Kommando Dora », son effectif dépasse les 10 000 hommes à la fin de l’année. Tous sont contraints de vivre dans les tunnels, soumis au travail forcé sans aucune mesure d’hygiène et dans un contexte de violence permanente encadrée par des prisonniers de droit-commun allemands. La priorité donnée à l’installation de l’usine est telle qu’il n’y a pas de camp de baraquement pour héberger les prisonniers avant la fin mars 1944. Près de 6 000 détenus vont mourir pendant cette période de 7 mois appelée « l’enfer de Dora ».

La clôture électrifiée du camp de Dora, avril 1945 © La Coupole

Le dernier-né des grands camps de concentration nazis

Pour le SS Hans Kammler (ingénieur chargé par Himmler de la création de Dora), le démarrage de la production de fusées A4-V2 à l’usine Mittelwerk de Dora s’accompagne d’une extension aboutissant au lancement d’une multitude de nouveaux chantiers périphériques destinés à enterrer la production stratégique du Reich. Dès juillet 1944, l’assemblage de V1 est centralisé à Dora, dans l’espace laissé vide par les anciens dortoirs des détenus.

Devenu le centre d’un vaste réseau militaro-industriel, le camp de Dora se coupe de la tutelle administrative de Buchenwald en octobre 1944. Sous le nom de Mittelbau, il devient le 13e et dernier-né des grands camps de concentration du Reich. Avec Dora, une quarantaine de camps annexes (Harzungen et Ellrich pour les plus importants), placés sous sa responsabilité, rassemblent bientôt 40 000 détenus d’une vingtaine de nationalités. Au début de 1945, les arrivées massives et dramatiques de déportés évacués de l’Est (Gross Rosen et Auschwitz) accompagnent un regain de la violence illustré par la multiplication des pendaisons collectives.

La fin du camp de Dora

La production des V2 est stoppée à la fin mars 1945. Le 4 avril, les SS organisent l’évacuation complète du complexe et de ses 40 000 détenus. Emmenés dans les « marches de la mort » vers les 4 coins du Reich, des milliers d’entre eux vont encore disparaître. Quand les troupes de la 3e Division blindée US découvrent le camp de Dora, l’usine est intacte et moins de 500 déportés sont encore présents au milieu des cadavres.

Très vite, le lien entre Dora et les premiers scientifiques nazis extradés aux USA est clairement établi. Pour le couvrir, une véritable chape de plomb est imposée sur l’histoire de Dora. Une volonté politique qui contribuera à l’effacer largement de la mémoire collective malgré le travail engagé par les amicales de survivants et les familles.

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